Le tennis africain face à ses limites et ambitions

Le prestigieux tournoi de Roland-Garros édition 2025 s’est clôturé il y a quelques semaines, laissant un goût amer du côté africain. Malgré les espoirs placés en certains athlètes du continent, les résultats furent loin d’être encourageants. Les éliminations successives dès le premier tour des représentants africains ont mis en lumière les nombreuses failles qui freinent encore le développement du tennis en Afrique. Ces contre-performances, devenues malheureusement récurrentes, interrogent sur les moyens à mettre en place pour inverser la tendance et permettre aux tennismen et tenniswomen africains d’exister au plus haut niveau.

Des sorties de route dès l’entame

Les joueurs africains engagés dans cette édition 2025 de Roland-Garros n’ont pas réussi à franchir le premier obstacle. À l’exception de Kgothatso Montjane, dans la catégorie tennis-fauteuil, tous ont vu leur aventure parisienne s’arrêter net dès leur entrée en lice.

Chez les hommes, le Sud-Africain Lloyd Harris, pourtant brillant lors des qualifications, a été battu dès le premier tour par le Russe Andrey Rublev (4-6, 6-4, 3-6, 1-6). Le score illustre bien l’écart de niveau malgré un début de match prometteur. En double masculin, la paire composée du Tunisien Skander Mansouri et du Néerlandais Jean-Julien Rojer a déclaré forfait avant même de disputer son premier match face au duo français Hugo Gaston et Corentin Moutet.

Côté dames, la déconvenue fut également au rendez-vous. La Tunisienne Ons Jabeur, quart-finaliste à Paris en 2024, a été surprise par la Polonaise Magdalena Frech, qui l’a dominée en deux sets secs (7-6, 6-0). Un revers cuisant pour celle qui incarne, depuis plusieurs années, les espoirs du tennis féminin africain. En double dames, l’Égyptienne Mayar Sherif et sa partenaire russe Anna Blinkova se sont inclinées au premier tour contre le tandem Yuan Yue/Lulu Sun en trois manches accrochées (2-6, 7-5, 3-6).

Seule l’expérimentée Kgothatso Montjane a réussi à faire briller les couleurs africaines. En tennis-fauteuil, la Sud-Africaine s’est hissée jusqu’en demi-finale avant de s’incliner face à la Néerlandaise Aniek van Koot (6-4, 6-4), sauvant ainsi l’honneur d’un continent en quête de reconnaissance dans cette discipline.

Vulgarisation en panne, progression en berne

Les résultats en demi-teinte de cette édition ne sont pas dus au hasard. Ils trouvent leurs racines dans des problématiques structurelles profondément ancrées. Le manque de vulgarisation du tennis en Afrique demeure l’un des principaux freins à l’essor de ce sport.

Pour Hugues-Henry Ngouélondélé, premier vice-président de la Fédération congolaise de tennis (Fécoténis), la dimension financière est au cœur du problème. Le tennis est un sport élitiste, dont la pratique régulière exige des ressources conséquentes : équipements spécialisés, déplacements coûteux, hébergements réguliers, sans compter l’encadrement technique. Pour beaucoup de jeunes talents africains, ces dépenses représentent un véritable goulet d’étranglement.

Mais l’obstacle financier n’est pas le seul en cause. Le manque d’infrastructures adaptées et la rareté des programmes de formation dès le plus jeune âge pèsent également lourdement sur la compétitivité des joueurs africains. Sans une base solide et un accompagnement cohérent sur la durée, il est difficile d’envisager un avenir prometteur sur les courts internationaux.

Bâtir un avenir compétitif

Pour sortir de cette spirale négative, plusieurs pistes sont envisagées. D’abord, il est indispensable de renforcer la formation continue des joueurs et de leurs entraîneurs. Cela passe par la création de centres d’excellence, mais aussi par une meilleure répartition des ressources financières au profit des académies locales.

Ngouélondélé insiste sur l’importance des partenariats, notamment avec des institutions sportives européennes, pour bénéficier de leur expertise et faciliter les échanges de compétences. Cette ouverture pourrait permettre aux jeunes talents africains de bénéficier d’une préparation plus rigoureuse et d’un accès facilité aux compétitions internationales.

En parallèle, le continent gagnerait à organiser davantage de tournois sur son sol. Un circuit africain plus dense permettrait aux joueurs de s’aguerrir sans avoir à s’exiler systématiquement. Le développement des compétitions nationales, tout autant que la multiplication des événements de rang international, créerait un terreau fertile pour faire émerger une génération plus performante et mieux préparée aux exigences du haut niveau.

Lueur d’espoir sur fond de défis

Si le bilan est actuellement morose, il ne doit pas occulter le potentiel énorme dont regorge l’Afrique. La jeunesse du continent est animée par une passion sincère pour le sport, et le tennis ne fait pas exception. Avec une volonté politique plus affirmée, des moyens mieux ciblés et une stratégie continentale cohérente, l’Afrique pourrait enfin gravir les échelons sur l’échiquier mondial du tennis.

Les fondations sont encore fragiles, mais la dynamique enclenchée dans certains pays montre que le changement est possible. Reste maintenant à transformer cette énergie en résultats concrets.