African iGaming Alliance : Cap sur une régulation unifiée

Peter Kesitilwe, nouveau responsable de l’African iGaming Alliance (AIA), met en avant la nécessité de renforcer la coopération dans le secteur et de mettre fin à la fragmentation réglementaire. Selon lui, les frais bancaires élevés, la disparité des régulations et le manque de collaboration entre opérateurs constituent des obstacles majeurs pour le développement du marché africain.

Collaboration et cohésion au cœur de la nouvelle alliance

L’AIA, nouvel organisme professionnel, a pour objectif de créer un cadre de coopération entre les opérateurs et les parties prenantes afin d’influencer les décideurs politiques et les dissuader de recourir à une fiscalité excessive ou à d’autres mesures contre-productives. L’alliance a été créée par quatre opérateurs majeurs – Betway, BetPawa, 888Africa et Sportybet – mais Kesitilwe indique qu’elle recrute activement d’autres participants.

Ancien directeur de la Botswana Gambling Authority, Kesitilwe apporte plus de neuf ans d’expérience réglementaire, dont près de deux ans en tant que CEO. Il précise que l’AIA n’a pas vocation à concurrencer les régulateurs ni les opérateurs indépendants sur le continent. Il souligne que l’intention est de collaborer, de se compléter et de travailler ensemble dans le cadre d’une alliance commerciale panafricaine. Selon lui, les acteurs du secteur ne devraient pas se considérer comme des rivaux puisqu’ils se complètent. C’est pourquoi il met en avant la nécessité d’harmoniser les questions fiscales et celles liées au jeu responsable au sein de l’alliance, en affirmant qu’il est essentiel de parler d’une seule voix.

Promouvoir le jeu responsable et harmoniser la fiscalité

L’un des objectifs principaux de l’AIA est de lutter contre le jeu problématique via une approche sectorielle. Kesitilwe souligne l’importance de mettre en place des cadres de jeu responsable sur l’ensemble du continent afin d’éviter que les gouvernements ne réagissent par une hausse des taxes.

« La priorité de l’alliance est de promouvoir des cadres de jeu responsable à travers l’Afrique. C’est crucial, car les décideurs pourraient être tentés d’augmenter les impôts si le nombre de joueurs problématiques augmente. »

Concernant la fiscalité, il appelle le secteur à défendre des taux d’imposition fixes, afin de réduire la pression des gouvernements pour accroître leurs recettes fiscales. L’AIA servira de pont entre opérateurs et régulateurs pour atteindre cet objectif.

Morcellement des règles, appel à la standardisation

Kesitilwe attire l’attention sur la fragmentation réglementaire qui freine le développement du marché. Chaque pays a ses propres règles, ce qui complique l’expansion transfrontalière des opérateurs. Il plaide pour la création d’un organisme centralisé afin d’harmoniser les régulations entre marchés voisins.

Il souligne qu’il existe une division en Afrique, expliquant qu’un opérateur peut demander une licence au Nigeria et au Ghana, mais que les régulations y sont très différentes. Il ajoute que le Gambling Regulator Africa Forum (GRAF) pourrait contribuer à faciliter la standardisation des cadres de licences ainsi que la coordination transfrontalière.

Il estime que jusqu’aux deux tiers de l’industrie seraient composés d’opérateurs illégaux ou non régulés, ce qui compromet la protection des consommateurs et les standards de jeu responsable. Pour les joueurs, il devient difficile de distinguer les sites légaux des sites illégaux. Il affirmait que si le secteur opérait correctement, les gouvernements ne perdraient pas entre 2 et 5 milliards de dollars par an en impôts non perçus à cause du marché noir.

Coûts bancaires élevés et impact sur le développement

Les opérateurs sont confrontés à des frais bancaires élevés, qui freinent l’expansion et l’accessibilité. Betway, par exemple, envisage d’adopter les paiements en crypto pour atténuer ces coûts et attirer de nouveaux joueurs. Kesitilwe confirme que les monopoles des agrégateurs de paiement et les frais élevés constituent un frein majeur au secteur.

« Certaines régions restent très coûteuses à cause de monopoles autour des solutions de paiement. Grâce au dialogue et à la recherche, nous cherchons à résoudre ces problèmes. »

Expertise réglementaire au service de l’industrie

Fort de son expérience à la tête de la Botswana Gambling Authority, Kesitilwe estime que son savoir-faire technique bénéficie directement à l’AIA. Il possède une connaissance approfondie des questions de conformité, de lutte contre le blanchiment d’argent (AML/CFT) et de jeu responsable.

Il a également souligné qu’il pouvait apporter un regard réglementaire sur la manière dont les gouvernements considéraient la conformité, la législation et la crédibilité des régulateurs, en ajoutant que son rôle consistait à combler le fossé entre l’industrie et les autorités.