RDC : compte digital et taxe pour tous les parieurs

La République Démocratique du Congo franchit une nouvelle étape dans la régulation de son secteur des jeux d’argent. Le gouvernement, par le biais du ministre des Finances Doudou Fwamba, a annoncé de nouvelles mesures qui imposent désormais à chaque joueur de disposer d’un compte digital et de s’acquitter d’une taxe sur ses gains. Cette réforme marque un tournant important pour les plateformes de paris populaires comme Pari Foot et Winner, dans un contexte où les autorités souhaitent moderniser le système et accroître la transparence des flux financiers liés au iGaming.

Un compte digital obligatoire et une taxe sur les gains

Lors de son passage sur Top Congo FM, le 29 septembre 2025, le ministre des Finances Doudou Fwamba a confirmé l’obligation pour chaque parieur congolais d’ouvrir un compte digital personnel avant de pouvoir placer des mises sur les plateformes telles que Pari Foot et Winner. Cette mesure vise à renforcer la traçabilité des transactions et à limiter les risques de fraude. En parallèle, une taxe de 10 % sera désormais prélevée automatiquement sur les gains de chaque joueur. Concrètement, le prélèvement sera effectué directement par les opérateurs avant que le parieur ne reçoive son gain, garantissant ainsi un transfert plus transparent et une meilleure collecte des recettes publiques.

Cette taxe, souvent qualifiée de “taxe Doudou Fwamba” par les médias locaux, s’inscrit dans une politique fiscale plus large visant à formaliser les activités de paris en ligne. Le ministre a précisé que cette contribution sera affectée au budget de l’État, tout en soutenant la digitalisation du secteur financier congolais. Une réforme que les autorités présentent comme un pas décisif vers une économie plus structurée et équitable.

Vers une gestion moderne et un meilleur contrôle

Au-delà de la dimension fiscale, l’instauration du compte digital traduit une volonté de moderniser le système de paris en République Démocratique du Congo. Les autorités souhaitent créer une base de données unifiée permettant de mieux identifier les parieurs et de renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent. Grâce à la digitalisation, chaque joueur pourra être reconnu via des mécanismes de vérification KYC (Know Your Customer), déjà en vigueur dans de nombreux pays africains.

La taxe de 10 % répond quant à elle à une logique de redistribution et de contrôle fiscal. Elle permettra de mieux encadrer les flux financiers liés aux jeux d’argent, tout en contribuant à la formalisation d’un secteur souvent jugé informel. Selon plusieurs observateurs, ces mesures contribueront également à protéger les joueurs, en instaurant un suivi plus rigoureux des activités et en réduisant les risques de manipulation. En somme, le gouvernement cherche à concilier innovation numérique et responsabilité économique.

L’iGaming en RDC : un secteur légal mais en mutation

L’univers des jeux d’argent et de hasard en RDC est légal et réglementé depuis 2005, mais le cadre juridique demeure en constante évolution. Les principaux textes de référence sont la Loi n°15/002 de 2015, qui encadre les jeux de hasard, et le Décret n°17/035 de 2017, qui fixe les règles d’exploitation des plateformes en ligne et des points de paris physiques. À ces dispositions s’ajoutent plusieurs arrêtés ministériels, dont celui de 2022, précisant les conditions d’agrément et de conformité des opérateurs.

Sur le plan fiscal, les entreprises du secteur sont soumises à l’Impôt sur le Bénéfice des Sociétés (30 %), à la TVA (16 %) et à diverses taxes sur les licences et les gains. Le ministère des Finances, en collaboration avec la Banque Centrale, veille à ce que les opérateurs agréés respectent les obligations de transparence financière et de lutte contre la fraude. Malgré un environnement réglementaire exigeant, le marché congolais de l’iGaming reste en forte croissance, soutenu par la popularité des paris sportifs et l’essor de la téléphonie mobile. Les réformes récentes confirment la volonté des autorités de consolider ce dynamisme tout en garantissant une meilleure conformité aux standards internationaux.

Conclusion

La mise en place du compte digital obligatoire et de la taxe sur les gains marque une nouvelle ère pour le iGaming en République Démocratique du Congo. Ces mesures traduisent un effort clair de modernisation, mais aussi une ambition de contrôle accru et de transparence dans un secteur en plein essor. Si certains parieurs redoutent une réduction de leurs gains nets, d’autres y voient une évolution nécessaire pour renforcer la crédibilité du marché. À terme, cette réforme pourrait bien repositionner la RDC comme un acteur sérieux et structuré du jeu en ligne en Afrique centrale, où fiscalité, technologie et responsabilité avancent désormais main dans la main.