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Ces dernières années, les cryptomonnaies se sont imposées comme un mode de transaction de plus en plus répandu sur le continent africain. Utilisées pour régler des achats en ligne ou transférer des fonds, elles séduisent également certains acteurs de l’iGaming qui les intègrent parmi leurs moyens de paiement. Mais derrière cette innovation se cache un revers inquiétant : leur exploitation pour des activités frauduleuses. Conscients de ce danger, des spécialistes venus de plusieurs horizons se sont réunis du 23 au 25 mai au Cap, à l’occasion du symposium ADDO. Leur objectif : mettre en lumière les menaces liées à la crypto et tracer la voie vers une réponse collective.
Des risques bien réels pour le continent africain
L’essor des cryptomonnaies en Afrique s’accompagne d’opportunités économiques, mais aussi de vulnérabilités majeures. Leur nature décentralisée, combinée à l’absence de contrôle bancaire centralisé, facilite parfois le blanchiment d’argent, le financement d’activités criminelles ou la fraude à grande échelle.
Durant le symposium ADDO, plus de trente experts – parmi lesquels des journalistes d’investigation, des chercheurs et des spécialistes de la blockchain – ont débattu autour du thème « Enquête sur les flux financiers illicites et les cryptomonnaies en Afrique ». Les échanges ont mis en évidence les défis croissants que pose la criminalité numérique, en particulier l’opacité des transactions, qui rend la traçabilité des fonds extrêmement complexe.
Les intervenants ont insisté sur le fait que, sans un cadre réglementaire adapté, les cryptomonnaies pourraient devenir un instrument privilégié pour contourner les lois et alimenter des réseaux criminels transnationaux.
Les médias tirent également la sonnette d’alarme
Les représentants du secteur médiatique présents à l’événement ont partagé leurs propres constats sur les dérives potentielles de la crypto. Mme Yasmine Elgouze, de la Fondation Thomson Reuters, a rappelé que l’enthousiasme autour de la blockchain tend à occulter ses effets pervers. Sans régulation solide, les dégâts causés peuvent être considérables.
De son côté, Simon Dingle, auteur de Beyond Bitcoin, a souligné que les abus ne viennent pas uniquement de hackers isolés. De plus en plus d’acteurs internes exploitent l’anonymat offert par la crypto pour perpétuer des formes traditionnelles de corruption.
Enfin, Denisse Rudich, de Rudich Advisory, a dressé un panorama du cadre réglementaire mondial. Elle constate un décalage permanent entre l’évolution technologique et l’adaptation des lois. Ce retard ouvre des brèches que des individus ou organisations mal intentionnées n’hésitent pas à exploiter.
Des actions concrètes pour contrer la cryptocriminalité
Le symposium a permis de dégager un consensus : seule une coopération accrue, à l’échelle nationale et internationale, permettra de contrer efficacement les crimes financiers alimentés par les cryptomonnaies.
Les experts ont proposé plusieurs pistes : développer des outils d’enquête performants, mettre en place des réseaux de collaboration transfrontaliers et renforcer les réglementations existantes. Ils appellent également à former les autorités judiciaires et policières aux spécificités de la crypto, afin de réduire les marges de manœuvre des criminels.
Le rôle des journalistes a été mis en avant : en collaborant avec des organisations de la société civile et en exigeant un accès aux données pertinentes, ils peuvent contribuer à exposer et documenter les mécanismes de la criminalité numérique.
Conclusion
Avec la progression fulgurante des cryptomonnaies, l’Afrique se trouve à un carrefour stratégique. Ignorer les menaces associées reviendrait à laisser prospérer des réseaux criminels de plus en plus sophistiqués. Le continent doit donc investir dans des capacités d’enquête robustes, harmoniser ses réglementations et intensifier sa coopération internationale. La crypto offre des opportunités, mais sa maîtrise est indispensable pour éviter qu’elle ne devienne l’arme privilégiée des criminels financiers.
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