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La Tunisie s’apprête à redistribuer les cartes sur l’échiquier des jeux d’argent et des paris sportifs. Face à l’essor incontrôlé des plateformes en ligne et aux risques croissants pour l’intégrité du sport, les autorités veulent reprendre la main. Un projet de loi révisé, plus ambitieux et mieux aligné sur les standards internationaux, vient d’être soumis à l’examen des plus hautes instances de l’État. Derrière ce texte, une volonté claire : sécuriser le secteur, assainir les pratiques et poser les bases d’une régulation moderne. Le dossier avance, et le marché iGaming tunisien retient son souffle.
Renforcer la régulation et préserver l’équité sportive
Un projet de loi révisé relatif aux jeux d’argent et aux paris sportifs a récemment été soumis à la Présidence du gouvernement tunisien. Ce texte a été présenté par Sadok Mourali, ministre de la Jeunesse et des Sports, lors d’une séance plénière dédiée à l’examen du budget de l’État pour 2026. L’initiative vise à moderniser un cadre juridique jugé dépassé, tout en répondant aux nouveaux défis posés par la digitalisation du secteur.
Le projet s’aligne sur les standards internationaux, notamment ceux de la Convention de Macolin, référence mondiale en matière de lutte contre la manipulation des compétitions sportives. L’objectif est clair : renforcer le contrôle réglementaire, prévenir les matchs truqués et limiter les risques de blanchiment d’argent et d’infractions financières connexes. À travers ce texte, les autorités cherchent à protéger l’intégrité du sport tout en assainissant un marché devenu trop poreux.
Une réforme intégrée à une refonte globale de la gouvernance sportive
Ce projet de loi ne constitue pas une initiative isolée. Il s’inscrit dans un paquet plus large de réformes structurelles visant à améliorer la gouvernance du sport en Tunisie. Le dispositif comprend également un texte organique portant sur l’organisation des structures sportives, le renforcement des mesures de sécurité dans les stades, ainsi que la lutte contre la violence et le vandalisme lors des événements sportifs.
Ces réformes font suite à des consultations avec plusieurs institutions publiques clés, dont la Banque centrale de Tunisie et le Conseil de la concurrence. L’enjeu est double : sécuriser les recettes générées par le secteur et doter l’État d’outils juridiques plus clairs pour encadrer les activités de paris. Les modalités précises concernant les licences, la fiscalité et la régulation des opérateurs en ligne devraient être définies progressivement, au fil de l’examen du texte par le Conseil des ministres, puis par l’Assemblée des représentants du peuple.
Jeux d’argent en Tunisie : entre cadre obsolète et marché parallèle
Le paysage des jeux d’argent et de hasard en Tunisie reste aujourd’hui marqué par de fortes contradictions. Le cadre réglementaire en vigueur est largement considéré comme obsolète, incapable d’intégrer pleinement l’explosion des plateformes numériques. En théorie, les pronostics sportifs relèvent d’un monopole d’État exercé par Promosport, rendant toute autre offre de paris illégale.
Dans les faits, l’absence de lois spécifiques encadrant clairement les paris en ligne a créé une zone grise. De nombreux opérateurs offshore exploitent cette faille pour cibler les joueurs tunisiens, proposant cotes attractives, bonus agressifs et large variété de jeux. Les casinos terrestres, quant à eux, sont légaux mais généralement interdits aux citoyens tunisiens, étant réservés aux touristes misant en devises étrangères.
Malgré l’interdiction générale des dettes de jeu prévue par le droit tunisien, le marché parallèle en ligne connaît une croissance soutenue. VPN, moyens de paiement alternatifs et contrôle limité facilitent l’accès à ces plateformes non réglementées. Ce phénomène prive l’État de recettes fiscales importantes et alimente des circuits souvent liés à la criminalité financière. C’est précisément pour répondre à cette réalité que la réforme en cours entend moderniser le cadre juridique, renforcer le contrôle public et capter une partie de la valeur générée par ce marché.
Conclusion
Avec ce projet de loi révisé, la Tunisie envoie un signal fort au secteur des jeux d’argent et des paris sportifs. L’ambition affichée est de rompre avec l’immobilisme juridique et de reprendre le contrôle d’un marché en pleine mutation. En s’appuyant sur des standards internationaux et une approche globale de la gouvernance sportive, les autorités espèrent assainir les pratiques tout en protégeant l’intégrité des compétitions. Si le texte aboutit, il pourrait marquer un tournant décisif pour l’iGaming tunisien. Reste désormais à suivre son parcours législatif et les arbitrages qui façonneront le futur visage du marché.




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