Vers une transformation du secteur ludique au Burkina Faso

Selon un rapport publié en octobre 2025 par iGamingToday, le secteur des jeux d’argent en ligne (casinos, loteries, paris sportifs) au Burkina Faso est en pleine expansion. Le document indique que le marché devrait croître de 8,77 % en 2025, puis progresser à un rythme annuel moyen, supérieur à 11 % d’ici 2029.

Pour donner un ordre de grandeur, le chiffre d’affaires brut du secteur en 2021 avait été estimé approximativement à FCFA 64,6 milliards (soit environ 104 millions de dollars), ce qui constitue la base d’un marché modeste mais solide. À ce stade, même si une part majoritaire des revenus provient des jeux traditionnels (loterie, casinos physiques, paris en point de vente), l’étude note un intérêt grandissant pour les paris sportifs et les opportunités de jeux en ligne, notamment via mobile.

Le pari en ligne comme facteur de changement

Le rapport d’iGamingToday met en lumière la montée du pari mobile comme un facteur clé de l’évolution du secteur au Burkina Faso. En 2025, le taux d’intégration des technologies mobiles (smartphones) est estimé à environ 45 %, ce qui ouvre la voie à un développement rapide des paris sportifs sur Internet et des jeux accessibles via téléphone.

Malgré cela, le cadre juridique reste partiel : selon une analyse récente, le régime en vigueur (loi n° 024‑96/AN) couvre principalement les casinos terrestres, les loteries et les jeux de hasard traditionnels ; en revanche, les jeux exclusivement en ligne, comme les casinos virtuels ou les plateformes de paris étrangères, restent dans une zone grise ou non explicitement réglementée.

Ainsi, même si des plateformes internationales (offshore) continuent d’être accessibles depuis le pays, elles opèrent souvent sans licence locale. Cela signifie que le marché « non régulé » — en ligne — peut représenter une part importante du volume total des jeux d’argent, mais avec des incertitudes en matière de transparence, de protection des joueurs, et de conformité légale.

Tendances de consommation et dynamiques sociales

L’étude souligne que les paris sportifs — surtout autour du football — sont extrêmement populaires, en particulier dans les zones urbaines comme la capitale et les grandes villes. Ces activités attirent en majorité un public jeune, typiquement âgé de 18 à 39 ans, avec une large prédominance masculine, bien que la participation féminine augmente progressivement.

Parmi les modes de jeu les plus en vogue : les loteries nationales, les paris sur des compétitions sportives nationales ou internationales, et les jeux ponctuels de casino — surtout dans les grandes villes. Le développement des technologies mobiles, combiné à une jeunesse de plus en plus connectée, pousse de nombreux parieurs à adopter les applications de pari ou à utiliser des prestataires étrangers.

Obstacles, régulation et futur possible

Malgré les perspectives encourageantes, le Burkina Faso fait face à plusieurs défis structurants. Le cadre légal, bien qu’existant pour les jeux physiques, ne couvre pas clairement les plateformes de pari en ligne ou les casinos virtuels. Ainsi, les autorités peuvent bloquer ou suspendre les sites non conformes, mais l’application reste inégale, ce qui entraîne un marché partiellement informel et parfois opaque.

Par ailleurs — et c’est un développement important — le pays semble envisager une réforme de la fiscalité et de la régulation des jeux de hasard. Un projet d’unification du taux de taxe sur les jeux, adopté dans le budget 2025, vise à rationaliser la fiscalité du secteur. Si ces réformes sont appliquées efficacement, elles pourraient renforcer la légitimité du marché, encourager les investisseurs, et favoriser la transparence.